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26 décembre 2008

VAL D EUROPE

Je vais vous parler d’une expérience assez particulière que j’ai vécue il y a quelques temps. C’était lors d’un voyage organisé, près de Paris, dans la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, plus précisément à Val d’Europe. Je vais d’abord vous parler du côté historique et technique de Val d’Europe. Val d’Europe est un des secteurs de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée. Celle-ci est divisée en quatre secteurs qui se concentrent autour d’un axe principal (l’autoroute A4). Ces secteurs sont régis, après avoir été achetés, par la compagnie Disney. Celle-ci a racheté, au fur et à mesure, à l’établissement public d’aménagement, ces terrains en 1987. Une fois propriétaire, Disney a agi et continue d’agir comme aménageur souverain. En effet, avec ce rachat, la compagnie Disney obtient le droit d’aménager les territoires comme elle le désire. C’est ainsi qu’elle a bâti des parcs d’attraction, un parc hôtelier et un grand nombre de logements. La compagnie Disney ne garde pas ces terrains ; en effet, elle les à des promoteurs. Malgré cette revente, Disney garde le contrôle sur les produits finaux. Ceci en vérifiant les cahiers des charges des promoteurs. Lors de ce voyage, nous nous sommes arrêtés aux parcs de Disney. Nous nous sommes promenés autour de l’entrée, où se trouve une multitude de magasins Disney et de restaurants. Ce qui m’a frappé le plus c’est l’importance que Disney met dans les décors. J’ai découvert que tout était régi par un concept clé : la thématisation. Celle-ci a une fonction référentielle. En effet, tout ce qui nous entoure fait référence à une histoire lointaine. On découvre qu’est recréée par exemple l’histoire des chercheurs d’or, des pirates ou du western. L’architecture américaine est empruntée, ou « plagiée », avec par exemple l’imagerie d’une ville rurale américaine. Ensuite, nous sommes allés dans le centre ville de Val d’Europe. On y retrouve l’ingénierie de l’image que Disney affectionne. Ceci en un peu fantaisiste puisqu’il s’agit d’une ville et non d’un parc d’attraction. Lorsqu’on entre et qu’on se balade dans le centre ville, on reconnaît une référence à l’architecture parisienne du 19ème siècle. Cette ville démontre une nouvelle fois le besoin, chez Disney, de référencer un environnement. Dans ce centre ville, le thème fédérateur a été choisi parmi les lieux communs de la culture populaire ; ceci pour toucher un maximum de public. Leurs références étant ici l’aménagement urbain qu’a encadré le baron Haussmann, la Tour Eiffel ou encore l’exposition universelle de Paris. Parmi l’organisation stricte apparente, on découvre des bâtiments contemporains. Il a par exemple , sur la place d’Ariane, une médiathèque qui rend compte de notre époque et de sa contemporanéité. Ces bâtiments sont publics, et sont gérés par l’état. Ainsi, la compagnie Disney n’a aucun pouvoir de conception sur ceux-ci. Tous ces éléments nous montrent l’image d’un lieu exagérément contrôlé. On est devant un paysage artificiel qui ne compte pas sur l’inventivité ni la créativité mais sur la référenciation et le plagiat. C’est un espace littéralement artificiel, sans âme, dans le sens qu’il ne révèle ni ne dévoile ni créativité ni humanité. Il ne laisse pas de place à l’inventivité, à la liberté, on est dans un lieu totalement formalisé, fait de restrictions. On est quelque part exaspéré par ce trop plein d’ordre et de « perfection » (ce n’est pas ma conception de la perfection, mais celle de la compagnie Disney). En aucune façon, je n’imaginerais vivre dans ce lieu car j’aurais l’impression de devoir me contrôler en permanence. Je parle de cet endroit comme d’un lieu, mais il serait plus vraisemblable de parler de « décor ». Il est évident que l’on ne fait pas ce que l’on veut à Val d’Europe, pas question de jeter un mégot de cigarette par terre, ou d’accrocher son vélo sur un poteau, ou encore de s’asseoir par terre. J’ai eu l’impression que cette ville n’était pas faite pour accueillir des Hommes. Bien sûr, des Hommes s’y installent, mais de quelle façon vivent-ils ? J’ai l’impression que ce lieu formalise même le mode de vie de ses habitants. Durant un instant, j’ai été témoin d’un dérapage assez amusant. Je vous explique la situation : un homme, qui possédait une de ces toutes petites voitures sans permis, avait du mal à sortir de sa place de parking. Deux voitures, garées elles aussi, se trouvaient devant et derrière lui. Il klaxonnait et hurlait dans l’espoir de voir les propriétaires arriver. Au bout de dix manœuvres, l’homme en question a tout de même réussi à sortir. Mais, avant de s’en aller, il n’a pas oublié de laisser un petit souvenir… En effet, l’heureux propriétaire d’une des voitures aura eu le plaisir de trouver un énorme crachat sur son pare-brise. Cette situation était tout de même assez drôle et quelque peu pathétique. Elle aura tout de même eu le mérite d’apporter à ce lieu une touche d’imperfection. C’est ce qu’il me fallait. Il fallait que je vois quelque chose d’imparfait, quelque chose qui me montre qu’il était possible de déraper dans cette ville. Parce qu’en toute honnêteté, j’avais l’impression d’avoir devant moi une réplique du décor utilisé pour le film The Truman Show. En fin de compte, ce fut une expérience vraiment particulière, mais nécessaire. Il faillait que je vois ce site de mes propres yeux, il fallait que j’en fasse l’expérience. Lors d’une conférence ce lieu nous a été exposé sous tous les aspects, techniques comme stratégiques. Je pense, avec du recul, qu’il fallait que je le vive pour me rendre compte réellement de l’aspect si artificiel de ce lieu. Lors de ce voyage, j’ai découvert une sorte de « micro-monde » sous contrôle, formalisé et tellement factice. Ce monde ne laisse aucune place à la créativité ni à l’inventivité, qui sont des qualités indispensables au développement de l’Homme. Je pense que la compagnie Disney a créé un monde qui ne laisse pas l’Homme s’exprimer. Je penses qu’il n’y a aucun moyen pour l’Homme d’évoluer dans un monde aussi formalisé, aussi formaté, car l’Homme n’est pas conçu pour obéir à un contrôle aussi stricte. C’est dans sa nature de vouloir vivre une multitude d’expériences, bonnes ou mauvaises ; ceci afin de se découvrir et de se construire. truman2 The_Truman_Show_front_DivX Léa Barbier.
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